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L'ÉPUISEMENT PROFESSIONNEL

En anglais " burn-out "

L’épuisement professionnel, ou burnout, n’est évidemment pas un syndrome nouveau. L’Ancien Testament mentionne déjà l’épuisement du prophète Elie à l’issue des combats qu’il a livré pour défendre sa foi contre les adorateurs de Baal (Livres des Rois, 17-22), ou celui de Moïse, exténué et tenté par la mort lors de la traversée du Désert (Livre des Nombres, 11, 4-6). En 1770, le médecin suisse Samuel Auguste Tissot esquisse quelques portraits saisissants d’intellectuels littéralement morts à la tâche (Tissot, 1770). En 1911, Siegbert Schneider décrit quant à lui dans l’Oberpfälzer Schulanzeiger un type de « neurasthénie » affectant les instituteurs, dont les symptômes, très variables, englobaient troubles du sommeil, hypersensibilité cutanée, auditive et visuelle, migraines, fatigue, troubles de l’attention et de la concentration, affaiblissement des performances, abattement, irritabilité, troubles de l’appétit et incapacité de travail (Körner, 2002, p. 14).

La souffrance au travail peut cependant être envisagée comme la conséquence des obstacles rencontrés par les salariés désireux de réaliser un travail de qualité.

L'épuisement professionnel: Service

L'ÉPUISEMENT PROFESSIONNEL

L'un des principaux obstacles à l'étude de l'épuisement professionnel est l'absence d'une définition consensuelle efficace et convaincante. Il est courant dans la communauté scientifique de dire qu'il existe pas moins de 50 définitions du burn-out.


Certaines restreignent le burnout aux professions aidantes. Le burnout prend la forme « d’un syndrome d’attitudes inadéquates à l’égard des clients et de soi-même, souvent lié à des symptômes physiques et émotionnels désagréables » (Kahn, 1978) ou « d’un syndrome d’épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de perte du sentiment d’efficacité personnelle, susceptible de survenir chez des sujets travaillants, de quelque façon que ce soit, avec d’autres êtres humains. Il s’agit d’une réaction à la charge émotionnelle chronique naissant lorsque l’on s’occupe durablement d’autres personnes, en particulier lorsqu’elles sont dans le besoin ou ont des problèmes » (Maslach, 1982).

D'autres auteurs tentent de définir l'épuisement professionnel comme un état, mais leur proposition soulève la question de savoir s'il existe un seuil d'épuisement professionnel. Ainsi, le burn-out est défini comme :« un état d’épuisement physique, émotionnel et mental lié à une longue exposition à des situations exigent une implication émotionnelle importante » (Pines et Aronson, 1988), « un état de fatigue ou de frustration, occasionné par un événement, un style de vie ou une relation qui ne produit pas le bénéfice escompté » (Freudenberger et Richelson, 1980), ou encore comme « un état dysphorique et dysfonctionnel, lié aux attentes professionnelles, d’un individu ne présentant pas de troubles psychopathologiques plus marqués, 1) ayant jusque lors fait preuve, dans des conditions professionnelles similaires, de performances et de réactions émotionnelles adaptées et 2) qui, sans aide extérieure ou modification de ses conditions de travail, est dans l’incapacité de revenir à ses niveaux antérieurs » (Brill, 1984).

À contrario de cette conception statique, une approche dynamique apparaît, où le burn-out est défini comme « un processus où se retranche un collaborateur jusqu’ici impliqué, en réaction aux exigences et au fardeau de son travail » (Cherniss, 1980) ou comme « une diminution progressive de l’idéalisme, de l’énergie, de l’ambition et de la participation, résultant des conditions de travail » (Edelwich et Brodsky, 1980). Bien que plus larges, ces définitions continuent à confiner l’étiologie du burn-out à une sphère strictement professionnelle ; quant à la symptomatologie qu’elles mettent en avant, elle demeure relativement floue.


Une synthèse des définitions antérieures émerge où : « Le burn-out est un état d’esprit durable, négatif et lié au travail affectant des individus ‘normaux’. Il est d’abord marqué par l’épuisement, accompagné d’anxiété et de tension (distress), d’un sentiment d’amoindrissement de l’efficacité, d’une chute de la motivation et du développement de comportements inadaptés au travail. Cette condition psychique est progressive et peut longtemps passer inaperçue du sujet lui-même. Elle résulte d’une inadéquation entre les intentions et la réalité professionnelle. Le burn-out s’installe en raison de mauvaises stratégies d'adaptation associées au syndrome, souvent auto-entretenu » (Schaufeli et Enzmann, 1998, p. 36).


Embrassant un horizon plus large, le burn-out peut être décrit comme « l’indice de l’écartèlement entre ce que les gens sont et ce qu’ils doivent faire. Il représente une érosion des valeurs, de la dignité, de l’esprit et de la volonté – une érosion de l’âme humaine. C’est une souffrance qui se renforce progressivement et continûment, aspirant le sujet dans une spirale descendante dont il est difficile de s’extraire » ( Maslach et Leiter, 2008)

S’inscrivant dans les risques psycho-sociaux, le burn-out désigne à la fois ses causes, ses effets et ses symptômes. Il répond au final à cinq types d’explicitations :

– le burn-out : en tant que syndrome de stress et de l’ensemble des symptômes émotionnels et comportementaux liés ;

– le burn-out : comme trouble mental et comme stade ultime d’un processus de burn-out ;

– le burn-out : comme un processus survenant au terme de différentes étapes mises en évidence
chez l’ensemble des sujets ;

– le burn-out : comme un ensemble de facteurs menant à lui ;

– le burn-out : comme un enchaînement de nature organisationnelle (Paine, 1982).

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