LE SOUTIEN SOCIAL
Parmi les ressources dont dispose un individu pour faire face à un événement éprouvant, on distingue classiquement ses ressources personnelles (contrôle, auto-efficacité, compétence, etc.) et ses ressources sociales (Bruchon-Schweitzer, Rascle, Cousson-Gélie, Bidan-Fortier, Sifakis, & Constant, 2003). Le soutien social correspond à ce second type de ressources mobilisables par un individu pour s’ajuster aux difficultés qu’il rencontre. En effet, un soutien social perçu comme disponible (ou comme satisfaisant) devrait encourager l’individu à adopter des stratégies d’approches et d’affrontements face aux événements stressants. Selon ces auteurs, un soutien social important est associé à l’utilisation d'avantage de stratégies actives (centrées sur le problème) et moins de stratégies passives (centrées sur l’émotion). Thoits (1995) a également montré que la perception d’un soutien social satisfaisant était associée à l’adoption de stratégies de coping plus « efficaces ».
LES TROIS NOTIONS DU SOUTIEN SOCIAL
La première notion, d’origine sociologique, apporte le réseau social comme le nombre de relations sociales qu’un individu a établi avec les autres, accompagné de la fréquence des contacts sociaux effectifs avec ces personnes et à l’intensité de ces liens (Barrera, 1986). Cette première notion décrit le degré relatif d’intégration sociale ou d’isolement d’un individu et fait référence à l’aspect structurel du soutien.
La seconde notion est celle de soutien social reçu. Elle correspond à l’aspect fonctionnel du soutien. Il s’agit de l’aide effective apportée à un individu par son entourage. Le soutien social reçu comprend quatre aspects distincts : le soutien émotionnel, le soutien d’estime, le soutien informatif et le soutien matériel ( House, 1981).
Enfin, la troisième notion est celle de soutien social perçu, notion qui renvoie à un modèle psychologique. Le soutien social perçu est envisagé comme étant l’indicateur le plus pertinent de l’adéquation du soutien en fonction des attentes et des besoins d’un individu. Il renvoie à la manière dont l’individu perçoit subjectivement l’aide d’autrui et à la satisfaction ressentie par l’obtention de ce soutien (Bruchon-Schweitzer et al., 2002). Dans cette perspective, le soutien social désigne la perception subjective des relations sociales du sujet et non une caractéristique objective par ce sujet des transactions avec son environnement. Cette conception du soutien social est exprimable par deux dimensions : la disponibilité, qui renvoie à la perception que certains membres de l’entourage seront susceptibles d’apporter une aide quelle qu’elle soit (i.e., information, écoute, réconfort émotionnel, aide matérielle) si le besoin se manifestait. La seconde dimension étant la satisfaction qui renvoie à la perception qu’a le sujet de l’aspect qualitatif du soutien potentiellement obtenu. Cependant, un soutien social perçu comme satisfaisant ne renvoie pas uniquement à la qualité des relations, mais également à l’adéquation entre soutien possiblement reçu et perçu , les attentes et besoins de l’individu (Sarason, Levine, Basham, & Sarason, 1983).
Ainsi, la disponibilité et la satisfaction en regard du soutien social perçu sont distinctes. Il est donc possible d’être satisfait malgré une absence ou un nombre réduit de personnes perçues comme aidantes, et à l’inverse d’être insatisfait malgré un réseau social perçu comme disponible important mais non étayant. Le fait est que la satisfaction en regard du soutien possiblement obtenu constitue une importante ressource psychologique, puisqu’elle renvoie à la perception que possède un individu de la qualité de ses relations interpersonnelles (Gentry et Kobasa, 1984). Ainsi, le réseau social ne serait pas en lui-même un facteur de protection. En revanche, le fait que l’individu perçoit certaines de ses connexions sociales suffisamment intimes pour apporter compréhension et empathie dans les moments critiques de son existence serait un facteur contribuant à l’équilibre émotionnel. Toutefois, sur le plan empirique, ces deux dimensions sont positivement corrélées (Bruchon-Schweitzer et al., 2002), ce qui signifie qu’un réseau minimal est nécessaire pour en être satisfait.